Une grosse déception !
Si l’ouvrage dont la lecture est facile voire même agréable, il est à noter qu’il n’est qu’une suite d’anecdotes tantôt historiques et contextuels. Dans cet ouvrage pas de théories, pas de réflexions poussées sur qu’est ce que la lutte pour les droits des femmes mais plutôt des historiettes qui font rire jaune sur la place de la femme dans le temps.
N’oublions pas que Mona Chollet est journaliste au Monde diplomatique, ce qui peut expliquer ce ton léger aux anecdotes faciles.
Gloria Steinem, Betty Friedan, Barbara Macdonald sont citées mais leurs théories survolées alors que l’on aurait envie d’en savoir plus sur leurs idéaux, leurs actions en tant que figures militantes.
La figure de la sorcière m’a plus donné l’impression d’être un prétexte pour parler du féminisme avec de petits anecdotes que réellement en faveur d’un militantisme conduisant à repenser les genres et les droits.
Un ouvrage qui finalement, pour moi, reste très consensuel, assez peu militant et qui met en valeur une image de la femme-héroïne des temps anciens.
Toutefois, au vu de son succès je dois bien noter que je suis heureuse de voir un livre féministe, d’une maison d’édition de taille raisonnable rester plus de 3 mois dans le Top des ventes essais (selon Livre Hebdo).
Enfin, à mon sens, cette image de la sorcière est passéiste, l’on parle de la femme-héroïne qui payait le prix de sa liberté au Moyen-Âge. Depuis, tout n’a pas évolué dans la société mais la foi -quelqu’en soit la religion- s’est vue modifiée, le capitalisme a fait intégrer à tous une notion d’individualisme très fort, les méthodes de contraceptions ont évolués, les technologies ont pris une place forte dans notre quotidien, etc. Après l’essai féministe Le Manifeste Cyborg de Donna Haraway, paru en 1984, il est pour moi essentiel de troquer la figure de la sorcière à celle de la cyborg -qui ne sont pas si éloignées l’une de l’autre. À l’heure du transhumanisme, des réalités virtuelles, de l’intelligence artificielle, je souhaite savoir qu’elle sera la place de la femme dans une société en pleine évolution techno. et non mettre en figure de proue le visage d’une femme sur le bucher.
NB : Lorsque j’ai lu Beauté fatale (2015) de la même auteure j’ai eu la désagréable impression d’un jugement sur ce que doit être une femme féminine et a contrario une femme féministe.
NB : Photographie prise au Monte-en-l’air, Paris 20ème